première brûlure
(( tenue ))

Tu fais une connerie Soo Yeon. Une petite voix allume les signaux d'alarme dans sa tête mais elle ne l'écoute pas. Elle rejoint Kazuya vers la sortie en quelques grandes enjambées avec un sourire satisfait. Elle se sent pousser des ailes, portée par la fierté immature de plaire et de braver les interdits. Comme une ado en pleine crise. « hum ! » affirme-t-elle en hochant la tête. Mensonge. Soo Yeon n'est pas prête du tout. Mais elle préfère ignorer ses entrailles qui se tendent lorsqu'ils quittent le bar. L'appréhension gronde à chacun de ses pas. Avec l'étrange sentiment de rapetisser à chaque fois qu'elle met un pied devant l'autre. Si bien qu'elle se sent minuscule devant la moto du jeune homme. Danger. Écrit sur la peau de Kazuya à l'encre noir. Partout sur son corps. Alors qu'elle s'apprête à passer le point de non retour. Elle reste quelques secondes avant de prendre le casque qu'il lui tend. C'est maintenant où jamais. Monter ou fuir en courant. Rester à son éternel confort de pauvre enfant désœuvrée. Fausse rebelle noyée dans l'alcool et le déni. Et c'est sûrement la boisson qui l'aide à dépeindre une image si pitoyable d'elle-même. À la limite du pathétique. Il ne t'arrivera rien dans la vie si tu restes accrochée solidement à un bar. A part oublier. Et il ne lui en faut pas beaucoup plus pour qu'elle mette le casque et monte à l'arrière. Tu veux tout oublier et tout détruire ? C'est le moment ou jamais. Lui glisse une petite voix sournoise. De toute façon elle en meurt d'envie depuis que leurs regards se sont croisés plus tôt dans la soirée. Elle passe ses bras autour de sa taille et se laisse porter.

Son sang pulse contre ses tempes tandis que la ville défile devant ses yeux éteints. Elle soupire en appuyant sa tête contre le dos du jeune homme. Le regard perdu et les pensées qui se mêlent au paysage nocturne. Prise d'une douce torpeur due à l'alcool et au stresse qui chatouille son estomac.

C'est le moteur qui se coupe qui la réveil. Elle se rend compte que la course lui a gelé les doigts malgré la chaleur de la fin d'été. Une fois descendue du véhicule elle se met à bouger pour réchauffer les parcelles de chaires exposées à l'air pendant leur trajet. « bruuh je me les pèles ! La prochaine fois je ne mettrais pas un jean troué. » Après lui avoir rendu son casque elle s'étire en se retenant de bailler.

première brûlure
(( tenue ))

Un bref instant, je lus dans ces yeux la même détermination qui avait animé jadis le sien alors qu’elle montait pour la première fois sur une moto à un de nos rendez vous. Trop fière pour l’admettre à voix haute, elle avait assumé la peur qui la taraudait sans un mot, jouant le rôle d’une femme confiante qu’elle n’était pas encore. Frêle et fragile demoiselle de son jeune âge, je lui avais fais découvrir un monde qu’elle ne connaissait pas encore. Le rôle de cette femme qu’elle inspirant tant à devenir à mes côtés avait pris forme au point de m’en faire devenir raide dingue un peu plus chaque jour. Loin de nous les maladresses et inconscience des premiers temps, elle affirmait ce qu’elle était devenue avec une aisance qui me surprenait chaque jour un peu plus. Cette femme qui hantait encore mes nuits comme mes pensées, un bref instant, je crus qu’elle m’était revenue sous la forme de cette jeune femme, faisant de moi un homme piégé à son propre jeu. C’était le sourire aux lèvres que je me laissais délicieusement glisser dans cette douce torture. Une course au souvenir était alors ouverte.

J’attendis avec impatience que ses bras s’enroulèrent autour de ma taille pour démarrer. Cette chaleur humaine contre mon dos, je me surprenais à imaginer qu’Amy était à nouveau là avec moi, profitant de cette balade à grande vitesse, pour laisser resurgir les souvenirs du passé. Je feints quelques accélérations pour la sentir se blottir un peu plus contre moi. Un sourire étirait mes lèvres alors que je regardais droit devant moi, roulant à une vitesse vertigineuse, grillant un ou deux feux rouges.

Mon poul s’était accéléré alors que j’éteignais le moteur de ma bécane. Comme un bien-être longtemps oublié qui reprenait possession de moi. Je jetais un coup d’œil qui se mit subitement à gigoter sous mes yeux, me ramenant à la dure réalité où ma bien aimée n’était plus. J’attrapais le casque qu’elle me tendait, l’observant. Je me rendis alors compte que j’avais oublié à quel point la nuit pouvait être fraiche, et qu’elle ne portait pas vraiment des vêtements adaptés pour grimper sur une moto. « Suis-moi à l’intérieur. » je me mis en route alors que mes pas retendirent dans le parking sous terrain. Je pénétrais dans l’ascenseur, me mettant au fond de celui-ci, lui servant un sourire charmeur alors que je me demandais si elle était entrain de regretter d’etre venu jusqu’ici. « N’ais pas peur, je ne vais pas te manger. » ricanais-je alors que les portes se refermaient derrière elle. L’ascenseur nous mena directement à mon étage où j’ouvris la porte d’entrée à la volée, Je déposais les casques dans l’entrée, alors que je lançais mon blouson dans le canapé. Mon appartement avait une magnifique vue sur les toits de la ville. « Fais comme chez toi. » lancais-je alors que je me dirigeais vers la cuisine. « Tu veux un boisson chaude ou tu préfères continuer sur la lancer de la soirée ? » lancais-je sans la voir. Pour moi, ca serait une bonne bière, ma meilleure amie. J’en profitais pour allumer à nouveau une cigarette, oubliant que mon invité n’aimait peut être pas la fumée de celle-ci.

première brûlure
(( tenue ))

tu es trop sage soo. disait-il. quand l’affection fraternelle et le désire de voir l’enfant  s’ouvrir au monde se mêlaient. cette phrase résonnait toujours dans sa tête. trop souvent entendue au cours de son adolescence. il lui souriait. mais elle ne pouvait s’empêcher d’y voir une pointe de déception. et elle brûlait d’envie de lui montrer qu’elle pouvait y arriver. qu’elle n’était pas juste bonne à sourire. à hocher poliment de la tête. peu d’amis. et encore moins de sorties. son quotidien se résumait à ce grand-frère qui la trainait partout. qui lui tendait la main pour lui faire découvrir le monde. la pousser doucement à ouvrir ses ailes. et maintenant qu’il n’était plus là soo yeon avançait à tâtons dans un monde hostile. elle avait promis. pendant qu’elle attendait à l’hôpital. dans l’ambulance. soo yeon avait promis de ne plus jamais être sage. promesse viciée. elle avait perdu la face dans le processus et n’était pas plus heureuse aujourd’hui. à la recherche éternelle de l’oublie. de cette chose qu’elle n’avait pas réussit à obtenir de son vivant. elle lui prouverait qu’il avait raison. qu’elle pouvait devenir une femme et s’affirmer. c’était sa promesse. il avait voulu qu’elle déploie ses ailes. et soo yeon les avait arrachées plumes par plumes. s’offrant à une douleur sourde pour quelques minutes d’un bonheur impies.  tu n’es pas vraiment heureuse soo yeon. mais elle y croirait quand même. et ferait tout en son pouvoir pour prouver qu’elle avait choisi la bonne voie. quitte à se perdre. à suivre un parfait inconnu. la nature repousse mieux sur une terre brûlée. elle se laisserait consumer jusqu’à la dernière cellule si elle pouvait renaitre. revivre. seule.

elle le suivit jusqu’à l’ascenseur avec cette idée en tête. déterminée. plus question d’hésiter. elle avait décidé de venir jusqu’ici. le temps des remords était passé. elle sourit. amusée par sa remarque. si tu savais. alors qu’elle espérait depuis trop longtemps être dévorée. prière malsaine murmurée au creux de la nuit. quand sa conscience était trop anesthésiée pour faire taire ses désires les plus noirs. à l’intérieur elle laissa son sac sur le canapé. dans lequel son téléphone hurlait. mis sur vibreur l’appareil s’excitait dans le petit sac pratiquement vide. appels incessants qu’elle ignorait. pas besoin de vérifier pour devenir qui tenait tant à la contacter. et il pouvait toujours courir pour une réponse. s’il voulait jouer à celui qui céderait en premier, il avait déjà perdu. soo yeon était sourde depuis longtemps à ses appels. rien ne changerait. elle continuerait de jouer la sourde oreille. rejetant jusqu’à l’existence de son grand-frère. oh. les yeux écarquillés elle s’avança d’un pas rapide jusqu’aux immenses fenêtres de l’appartement. subjuguée par la vue. par la ville étendue à ses pieds. splendide. comme envoutée elle colla presque son front à la vitre pour mieux regarder. pour se plonger dans la nuit lumineuse. « je veux bien une bière. » répond-elle un peu mécaniquement sans détourner les yeux. gamine passionnée par la beauté du paysage nocturne. « la vue est à couper le souffle. » elle parle pour elle-même. pas vraiment fort. pas un murmure non plus. entendra qui voudra.