Quel effet ça fait d’avoir que seize ans de différence avec ses parents ? Ça craint. Honnêtement je n’ai jamais aimé avoir si peu d’âge de différence avec eux. J’ai l’impression de ne pas appartenir à leur univers. Hm. Pour l’histoire, je suis né à Kyoto après que mes parents aient décidé de quitter Tokyo parce que leurs parents, donc mes grands vieux, les aient reniés. Sympa la famille.
Je me suis jamais senti normal avec les autres gosses de mon âge. Peut-être parce que leur parents avaient le double des miens ? Ouais. J’étais vu comme une espèce d’erreur de la vie et au début je ne comprenais pas pourquoi. Puis mon géniteur m’a raconté.

A ce qu’il paraît au Japon, tu n’es pas censé avoir d’enfants avant ton mariage, et donc tu dois te marier avant tes trente ans si possible, mais pas trop tôt non plus, parce que ça fait pas « beau ». Je fais partie de cette génération qui a su évoluée. Qu’est-ce que je me faisais chier à Kyoto. J’avais tellement hâte de partir, d’aller à la capitale, Tokyo. Comment c’était arrivé ? J’avais simplement demandé à aller là bas pour étudier. Mon cul.
J’ai jamais été un bosseur intellectuel, enfin je faisais le minimum. C’était pas le potentiel qui manquait d’après mes profs. Mais là n’était pas le problème. Finalement, je savais pas trop quoi faire de ma vie, je n’avais pas de rêve, ni d’ambition particulière. J’aimais bien voyager, c’était tout ce qui m’intéressait. Être loin de mes parents.
Puis j’ai commencé à fumer à mon arrivée à Tokyo. Les nuits particulièrement agitées me changeaient de ma ville natale. L’alcool me tendait les bras, et tout ce qui allait avec. Je vais pas mentir en disant que les filles me trouvaient - et me trouvent- toujours beau gosse, alors pourquoi m’en priver ?

Un jour, j’ai décidé de partir, avec le peu d’argent que j’avais et un soit disant programme d’études pour les jeunes, je me suis expatrié en Corée du Sud. Alors moi qui ne parlait pas un mot de coréen, tu peux imaginer que je me suis fait pigeonner pas mal de fois, mais t’inquiètes j’ai retenu la leçon. Le coréen n’a été qu’une barrière quelques temps, juste pendant que je m’y habituais. Et puis j’ai tout fait valsé. J’ai jamais remis les pieds dans cette fac qui m’apportait rien de plus, et j’ai magouillé pour rester. Des jobs au black, des services rendus à droite à gauche…Et puis j’en ai eu marre de Séoul, alors je suis allé m’installer à Busan, la seconde capitale qui fait rêver de nos jours. Et je fais quoi sinon ?

Et je continue inlassablement de vivre.